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MIDI LIBRE

Le jury du club de la presse a sélectionné dix pièces de théâtre ses

coups de coeur 2016. Dix bonne raisons d'aller au théâtre sans se

perdre dans l'immense entrelac du festival Off d'Avignon.

Le jury du club de la presse du Grand Avignon-Vaucluse composé de

professionnels de la presse et de la communication a retenu plus de

260 pièces de théâtre du festival Off 2016.

Dix sélectionnés :

"Assoifée", au Théâtre de l'Alisée, à 13 h 20, cie "Le Bruit de la Rouille".

"Casablanca 41" au Théâtre du Centre à 13 h 55, cie Golem Théâtre.

"C'est un peu compliqué d'être à l'origine du monde", à la Condition des

Soies, à 12 h 10, cie Les Filles de Simone.

"Je reviens de la vérité", Sallle Roquille à 13 h, cie Prospero Miranda.

"King Kong Théorie", Théâtre de La Luna à 20 h 25, cie 411 Perres.

"La Religieuse", Théâtre du Chêne Noir à 13 h 15, cie Collectif 8.

"Le 4e mur", Chapelle du Verbe Incarné à 12 h 35, cie des Asophodèles.

"Oncle Vania" à la Fabrik Théâtre à 12 h 25, cie Théâtrale Francophone.

Résistantes, Théâtre du Petit Louvre à 12 h 35, cie Lumières En Scène.

"Une vitalité désespérée", Présence Pasteur à 16 h, cie Scènes&Cités.

 

ONCLE VANIA 2016 PAR CHRISTIAN MOREL DE SARCUS Froggy's Delight

La grâce pleut sans prévenir.

« Oncle Vania » ? Vu, cent fois. Quoi de neuf ? Tchekhov ?

Au milieu de tant de nouveautés, cette œuvre dupliquée, ce gémissement de violon complaisant ?

Absolument.

Ce « Vania », à ne manquer que si l’on accepte de manquer sa vie, ses amours, le rendez‐vous avec soi‐même.

Le professeur est là, retournant ses vieux papiers, ordonnateur du vide.

Et safemme, trop belle pour cette campagne, aimée de tous les hommes.

Le docteur, atrocement optimiste et actif, la petite nièce Sonia, qui l’aime sans être seulement vue et Vania, l’homme du milieu de la vie, qui sait que tout est raté et que le chemin sans espoir a plus de mille mètres par kilomètre. L’été brûle tout. Le temps est compté. Automne et hiver campent sous les arbres aux feuilles trop vertes.

Philippe Nicaud, qui joue aussi, et si finement, le docteur‐loup, a imaginé cette mise en scène d’intrusion où le spectateur a l’impression de casser les cloisons, d’être au milieu de ces autres lui‐même.

S’entourant d’une troupe exceptionnelle, composée de Fabrice Merlo, bouleversant, pathétique, humain très humain Vania, inoubliable, de Céline Spang, la vamp anéantie, flammèche de steppe, qui affole, étourdie, de Bernard Starck, l’imposteur professeur de néant, formidable d’expression dans la veulerie « supérieure » du personnage, et d’une comédienne douée à narguer le vertige, Marie Hasse, tout simplement éblouissante dans son rôle de petite fille namoureuse, qui arrache larmes net soupirs au plus caparaçonné des « j’ai-tout-vu » festivaliers.

Quel spectacle !

Quelle force !

Quelle qualité !

L’auteur que je suis enrage de voir une telle troupe servant un texte de ce vieux magicien‐gourou et mort deTchekhov…qui le mérite, nhélas.

Saisissant. Beau. Inévitable.

LA PROVENCE.COM

AVIGNON 2016

Cette pièce d'Anton Tcheckhov est à voir jusqu'au 30 juillet au Fabrik' Théâtre

La musique est jouée à la guitare et chantée par Astrov-Philippe Nicaud.PHOTO DR

Philippe Nicaud, metteur en scène de la Compagnie théâtrale

francophone, n’a gardé que les cinq personnages principaux de cette

pièce de Tchekhov, se concentrant sur leur mal-être, leurs échecs,

tout en respectant scrupuleusement le texte. Ainsi, loin d’être

pesant, ce spectacle nous happe et nous tient en éveil pendant 1h30.

Le décor abondant sans que le plateau semble surchargé contribue à

rendre la tension palpable ; tous les lieux de l’action sont

représentés, les personnages sont toujours visibles, on sent que trop

de gens occupent un espace trop restreint. On peut ainsi les voir vivre

en dehors de leur participation directe. La musique, jouée à la

guitare et chantée par Astrow-Philippe Nicaud ou venant de CD mis

dans le lecteur par les acteurs, les lumières qu’ils allument ou

éteignent suivant leurs déplacements et l’heure contribuent à

installer une vie plausible. Notre intérêt ne fléchit à aucun moment,

grâce à la mise en scène et au jeu des acteurs.

 

Notre avis : très bon spectacle, fortement recommandé.

M.C.B

Radio Campus Avignon 2016

ONCLE VANIA: LA SUBLIME ALIÉNATION

25 JUILLET 2016 LA RÉDACTION

En 1897, Anton Tchekov créait « Oncle Vania ». 119 ans plus tard,

la Compagnie Théâtrale Francophone vous propose de revivre

cette oeuvre culte, recentré autour des 5 personnages principaux

uniquement. On oublie les facéties des personnages secondaires

et on se concentre donc sur les sentiments et la prose

somptueuse, parfois acide d’Oncle Vania, parfois naïve de Sonia.

Quand on entre dans la salle, ils sont déjà là et ils attendent. Qu’attendent-ils ? Même eux ne semblent pas le savoir. Il y a le herr proffesor, le médecin, Sonia, Elena et bien sûr le cynique Oncle Vania. Et tous ensembles, ils vont assistés, pendant une heure et demie, à la destruction lente et inévitable de leur monde. C’est un monde sans passion, sans envie, sans joie, dans lequel on entre dès les premières répliques. Las, ennuyés, ivres, les personnages de Tchekov se livrent au jeu de l’amour pour faire passer le temps, devant le professeur qui ne vit que sa douleur de ne pas être encore mort. La célèbre âme slave est omniprésente : dans le cynisme constant de l’Oncle Vania, résigné à la fatigue et à sa condition ; dans la fuite en avant d’Elena, courtisée de toute part mais qui ne sait ouvrir son coeur ; dans la poésie pathétique et ravissante de Sonia, qui brule d’une passion impossible ; dans le docteur Astrov, perdu dans ses rêves et ses litanies forestières ; et enfin dans ce professeur déchu, qui souffre mais ne peut pas le dire car, après tout, tout le monde souffre sur scène. Lentement, pris dans cette spirale infernale de passions interdites et pas assez vécues, nos 5 héros frôleront la mort de près, nombres de fois. Rongés par l’ennui, par l’inaction, par l’ivresse, ils ne peuvent s’empêcher pourtant de nous faire rire car quand le pathétique atteint son paroxysme, l’humour est le dernier rempart à la folie meurtrière. Porté par un jeu d’acteur abouti, le texte de Tchekov résonne parfaitement dans la salle de la Fabrik’. La mise en scène et la chorégraphie raffinées collent superbement à la lourdeur et à la dramaturgie caractéristique du romantisme russe. Un bon moment de théâtre donc, à ressentir plutôt qu’à vivre. Un seul espoir subsiste : qu’il n’y ait pas vraiment de vodka dans la bouteille que les acteurs siphonnent pendant 90 minutes.

Guillaume Carlin.

REG'ART PAR NICOLE BOURBON

On entre. On s'installe sur les bancs recouverts de velours rouge.

Tout est déjà en place sur le plateau astucieusement aménagé qui nous donne à voir les différents lieux de la propriété, la pièce à vivre, centrale,

le bureau du professeur Sérébriakov au fond, dans un recoin côté jardin le

bureau de Ivan Petrovitch Voïnitzki, l'oncle Vania et côté cour ce qui sera l'atelier du docteur Astrov. Décors soignés où les détails abondent. Les personnages sont déjà en place, et vaquent à leurs affaires.Le noir se fait

dans la salle. Les projecteurs s'allument. Et là, le miracle. Dès les premières répliques on sent qu'on va voir du grand, du très grand théâtre. On est immédiatement emporté, embarqué dans cet univers, on vit avec eux tous si présents, si bien interprétés qu'on en oublie que ce sont des comédiens, ils sont là, tous, les héros de Tchékov, tous ou presque car Philippe Nicaud, le metteur en scène, a eu l'excellente idée de resserrer l'action autour des

cinq personnages principaux, adieu la mère, adieu la nourrice, adieu Téléguine, adieu le valet. Ils sont là, tous les cinq, aux prises avec leurs sentiments, le reste est anecdotique.Et on vit avec eux, on souffre avec eux, on assiste impuissants à leurs naufrages.

Oui, j'ai partagé l'amertume et la colère d'Oncle Vania, la vacuité d'Elena, l'impuissance du professeur, les désillusions du docteur, j'ai souffert et pleuré avec Sonia. J'en ai même complètement oublié l'inconfort des

sièges.Et ce miracle, cette émotion, cette passion, je les ai éprouvés, avec ces comédiens inconnus des médias, et j'ai envie de crier partout « Mais allez-y, pour le prix d'une entrée de cinéma, vous assisterez à un moment

exceptionnel que vous n'oublierez pas de sitôt, vous découvrirez ou redécouvrirez ce qu'est vraiment le théâtre, ce moment de partage incroyable qui peut vous emmener si loin, si haut, avec trois fois rien comme moyens mais avec juste ce qu'il faut de talent et de don de soi.

On était tous sous le choc, abasourdis. À preuve le silence à la fin, ce moment de silence nécessaire quand on vient de vivre un grand moment avant de retomber sur terre pour faire enfin éclater les applaudissements.

Merci à vous tous, Bernard Starck, professeur d'une densité remarquable, Céline Spang qui sait si bien rendre toute l'ambigüité du personnage d'Eléna, Christèle Billault, tendre et émouvante Sonia, Fabrice Merlo,

exceptionnel Vania, désespéré au-delà des mots et Philippe Nicaud, docteur séduisant en diable, maître d'oeuvre de ce prodigieux spectacle qui touche ici à l'essence même du théâtre. Nicole Bourbon

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